Les membres de la communauté médicale, et principalement les chirurgiens œuvrant dans le domaine esthétique, observent depuis quelques années, un phénomène préoccupant, bien que relativement rare.

Il s’agit du lymphome anaplasique à larges cellules, relié aux implants mammaires texturés (LALC). Cette forme de cancer, provenant du système immunitaire, se développe suite à la présence d’un corps étranger dans l’organisme.

Depuis les 5 dernières années, environ 500 cas furent répertoriés dans le monde. Sur ces 500 cas, une trentaine ont été recensés au Canada, dont deux au Québec.

Une texture avantageuse, mais dangereuse

Ces implants texturés furent inventés afin de répondre à deux problématiques : ils permettaient de diminuer le risque de développer des capsules trop fermes (capsulites) et empêchaient les prothèses de se déplacer, car la texture de l’implant agissait comme un velcro dans les tissus.

Deux compagnies étaient jusqu’alors autorisées à vendre des implants texturés au Canada : la compagnie Mentor et la compagnie Allergan. Les prothèses (appelées Biocell) d’Allergan avaient une texture plus prononcée et plus rugueuse afin d’assurer une meilleure adhésion de la prothèse une fois installée.

Malheureusement, c’est avec ce type de texture que l’on a retrouvé le plus de cas de LALC.

Quelques statistiques

Selon des statistiques récentes, le risque de développer un lymphome anaplasique chez les personnes ayant des prothèses mammaires Biocell d’Allergan serait de 1 personne sur 3000, alors qu’il serait de 1/80 000 chez celle ayant des Siltex de Mentor.

Emboîtant le pas d’autres pays, Santé Canada a donc retiré du marché canadien, les prothèses Biocell d’Allergan au printemps 2019.

Précautions et complications

Malgré la situation actuelle, il n’est pas recommandé aux femmes qui portent actuellement des implants texturés, même celles qui ont des prothèses Biocell d’Allergan, de les faire retirer. Il est plutôt suggéré d’effectuer un dépistage ainsi que des suivis rigoureux.

Le premier signe de la présence d’un lymphome anaplastique est le gonflement du sein causé par l’accumulation de liquide sécrété par le lymphome autour de la prothèse.

L’examen de choix reste l’échographie, qui confirmera ou non la présence de liquide autour de l’implant. Une ponction peut également être effectuée à des fins d’analyses en cytologie. Advenant la présence confirmée du LALC, le traitement consiste à retirer la capsule ainsi que la prothèse en cause. Cette intervention règle généralement le problème.

Pour terminer…

Rappelons que Santé Canada estime qu’une femme sur 9 développera un cancer du sein au cours de sa vie, qu’elle ait ou non des implants mammaires. Les chances qu’une femme ayant des implants texturés développe un lymphome anaplastique sont donc comparativement minimes; c’est la raison pour laquelle il n’est pas nécessaire pour ces femmes de faire enlever leurs prothèses à titre préventif.

Somme toute, soyez à l’écoute de votre corps et soyez attentive à tous changements anormaux. C’est la clé de la prévention.